La technologie à la rescousse

SESSAD Autisme et Unité d’enseignement maternelle (Pays de Gex/Haut Bugey)

Changement de contexte pour les psychologues qui assurent leurs consultations par webcams interposées. En parallèle, pour pallier certains manques, des outils complémentaires voient le jour. Un blog et un groupe Facebook incarnent ces nouveaux outils de travail pour les jeunes qui récréent du lien et de l’émulation entre parents.

Habituée à l’informatique, Émilie Hyvert, psychologue aux SESSAD autisme et de Nantua, a vu sa pratique transformée par la généralisation des consultations en visio. Dans l’ensemble, elles ont été adoptées assez facilement par les jeunes et les familles qui se sont bien adaptés au confinement. « Pour le moment, ça se passe plutôt bien mais il y a un risque que ça se dégrade avec le temps. S’il y a des clashs, nous intervenons plus spécifiquement sur la gestion de crise » explique Émilie Hyvert.

Une nouvelle forme d’intervention

Spécialisée en neuropsychologie, elle a ajusté les accompagnements à la dématérialisation, suspendant temporairement les parties requérant du présentiel. « Je ne peux pas demander aux parents de réaliser les tests qui réclament un papier et un crayon, sous peine de fausser les résultats » précise Émilie Hyvert. Au fil des séances, elle distille informations et stratégies d’adaptation pour renforcer des capacités cognitives.

Pour les plus jeunes enfants, les parents sont présents pour apporter leur aide. Les plus grands sont seuls devant leur ordinateur et travaillent par partage d’écran. Le rythme hebdomadaire est maintenu avec un renforcement du soutien aux familles, notamment pour l’école à la maison et l’adaptation des supports fournis par les enseignants.

Du côté de Stéphanie Hameury, psychologue aux SESSAD et à l’UEMA d’Oyonnax, les suivis varient au cas par cas. Pour certains la fréquence est identique. Pour d’autres, le confinement et l’absence d’école créent des angoisses nécessitant des échanges tous les jours. Avec les familles de l’UEMA, les appels sont aussi quotidiens. Des astreintes psychologiques se mettent en place pour les familles en situation délicate. « Certaines sont très angoissées et peuvent développer des symptômes pas forcément liés à une maladie réelle » détaille Stéphanie Hameury, qui peut avoir à apaiser certaines angoisses plusieurs fois par jour.

Des mines de ressources numériques

Depuis mars, le blog du SESSAD de Nantua publie chaque jour un article, rédigé à partir des idées de l’équipe. Dans ses colonnes, les familles trouvent des outils de travail et des conseils pratiques pour rendre leur enfant plus attentif, gérer le stress, faire du sport… Les activités peuvent se rapprocher des séances de travail ou être plus ludiques avec une dimension d’apprentissage. « Le blog doit convenir à un maximum de monde. Il propose de se détendre, de créer, de travailler différemment » résume Émilie Hyvert, à l’initiative du projet. Ouvert aux familles et aux professionnels, il cherche encore son rythme de croisière mais pourrait perdurer après le confinement comme banque de ressources.

« La situation aura du bon sur l’évolution des pratiques. On se rend compte qu’il y a des choses que l’on n’est pas obligé de tout faire en présentiel. Ce sera un gain de temps » pense Émilie Hyvert.

 

 

Favoriser l’émulation

À l’UEMA d’Oyonnax, la question d’un outil collaboratif se pose depuis quelques temps. Désormais, les cinq familles, avides d’informations sur la vie de l’école, se retrouvent dans un groupe Facebook privé. Il répond aux besoins des parents qui avaient du mal à mettre en application des activités pour leurs enfants, souvent par manque de temps.

« Nous avons commencé par des vidéos où nous nous servions de nos enfants pour mettre en pratique des activités, reprendre des grands principes déjà expliqués » détaille Stéphanie Hameury. « C’est de l’apprentissage, assimilable à des temps scolaires. » L’idée est que chaque enfant puisse regarder la vidéo autant qu’il le souhaite pour saisir son message et travailler des aspects variés tels que le langage, le vocabulaire… Les vidéos, sur un modèle interactif rappelant « Dora l’exploratrice », sont conçues par deux membres de l’équipe avec des contributions ponctuelles de l’enseignante. Des vidéos sur la gestion de crise sont aussi partagées.

Les parents se sont appropriés l’outil, partageant photos et vidéos de leurs enfants au travail. « Ça recréé du lien entre les parents comme lorsqu’ils se retrouvaient sur le site de l’école » complète Stéphanie Hameury.

« À l’avenir, des lives pourraient être intéressants mais on n’a pas encore testé » explique Stéphanie Hameury.

 

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