Alexandre

Regards croisés sur le confinement

Dinamo Pro

Arrivé il y a trois ans et demi, Alexandre livre son ressenti sur la pandémie et l’épreuve du confinement. Tous les jours, grâce à un planning rôdé, il enchaîne les activités avec l’appui de ses parents et le soutien de l’IME, en attendant un éventuel retour à la normale. Côté professionnels, Jean-Marc Rigaud fait preuve de créativité pour développer de nouveaux outils, renforcer les liens avec les jeunes et anticiper la reprise.

Depuis la maison familiale, où il respecte scrupuleuse les consignes et les gestes barrières, Alexandre avoue son inquiétude mais s’interroge sur l’avenir. « Je sais que l’IME doit être fermé pour des raisons des sécurité et qu’on n’a pas le choix. Le confinement est le seul moyen de vaincre la pandémie. » Pour lui, le plus dur est l’incertitude et les changements. « Il fait de gros efforts et prend beaucoup sur lui » confesse Géraldine, sa mère.

« Une organisation quasi-militaire »

Pour y remédier, la famille a bâti un planning structurant chaque temps de la journée. Le scolaire débute à 8h45. Le blog de l’IME est précieux pour un garder le lien avec l’atelier espaces verts. « Il est génial, très vivant et utilisé régulièrement. Pour Alexandre, c’est plus facile car il n’a pas à avoir de contact direct » détaille Géraldine.

Une fois récupérées, les fiches peuvent donner lieu à des échanges avec les professionnels. Alexandre et sa mère prennent le temps d’en adapter certaines pour les rendre plus visuelles en l’absence de démonstrations concrètes. « On a la chance d’avoir l’habitude de travailler ensemble » reconnaît-elle. La matinée se poursuit avec des exercices pratiques et laisse la place aux activités extérieures, à la cuisine ou aux jeux de société de l’après-midi. « On a fait des semis, du rempotage et un carré potager » détaille Alexandre. « Parfois, on fait aussi du ping-pong ou du badminton. » Tout est prétexte à de l’éducatif, y compris une interview qui devient un travail de Français. Mais après 17h30 et le week-end, les activités s’arrêtent. « On a une organisation quasi-militaire à la maison ! On garde ce rythme car Alexandre ne peut pas vivre sans repères » résume sa mère. Il a conscience de vivre une période historique. Sa mère consigne toutes les activités et prend des photos pour, à terme, réaliser un cahier de confinement.

Le soutien de l’IME

Un lien très fort s’est rapidement développé avec l’établissement. « L’équipe fait tout ce qu’elle peut. On a leurs mails et ils sont très réactifs » explique Géraldine. « Tous les mardis, la psychologue m’appelle » ajoute Alexandre, pour qui ce rendez-vous est une soupape de sécurité. Une fois par semaine, ses éducatrices appellent pour prendre de ses nouvelles. « On est soulagé de continuer à avoir du lien car Alexandre aurait tendance à s’isoler » confie Géraldine. « L’IME me manque un peu, j’y avais des potes » reconnaît Alexandre. « Ce qui manque, c’est la socialisation. Au collège, il était à côté des autres. À l’IME, il est avec les autres, il a trouvé sa place » ajoute sa mère. La pratique, les chantiers et les journées de travail lui manquent aussi, d’autant que son premier stage en ESAT a été reporté. L’enjeu sera maintenant d’aborder le déconfinement. « Il faudra travailler en amont pour qu’il accepte de sortir, que les choses seront différentes et ne pas avoir de craintes. » prévoit Géraldine.

 

3 questions à Jean-Marc Rigaud, moniteur d’ateliers espaces verts

Comment travaillez-vous avec les jeunes ?

C’est compliqué pour eux car on s’est quitté sans préparation. On leur prépare des fiches technologiques et de compétences compréhensibles et succinctes qui les confortent dans leur formation. Il faut prendre du temps pour les établir, faire du lien, travailler autrement et devenir créatif : passer de l’abstrait au concret et inversement est une sacrée gymnastique ! Il faut expliquer ce qu’est l’activité, son but et présenter les machines. Tout est découpé par gestes, comme une grosse recette. Nous sommes très vigilants sur la sécurité et demandons aux jeunes de bien réfléchir aux raisons derrière chaque geste.

Quels liens maintenez-vous avec les jeunes ?

Les fiches sont préparées tous les jours, envoyées au responsable puis diffusées directement ou via le blog qui a pris toute son ampleur. On communique directement avec certains jeunes pour prendre des nouvelles : on recrée des liens personnalisés. Certains jouent bien le jeu et ont des familles qui les soutiennent. Pour d’autres, c’est plus compliqué si on n’est pas derrière. Je suis aussi en lien avec les collègues pour voir comment ils supportent le confinement et échanger sur certains jeunes. Ça montre qu’une équipe existe encore.

Comment envisagez-vous la suite ?

L’herbe ne s’est pas arrêtée de pousser ! Si on recommence trop tard, on ne pourra pas mener tous les chantiers pédagogiques. Il faut anticiper. Je suis remonté à l’IME mettre en route les machines et faire le point pour commencer à tondre sans les jeunes et maintenir l’activité quand le déconfinement aura lieu.

Jean Marc RIGAUD
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