À la recherche d’une activité pour préparer les jeunes à l’orientation vers un ESAT (Établissement et service d’aide par le travail), les équipes de l’atelier de professionnalisation ont démarché des entreprises sur les bassins d’Oyonnax et Bellegarde. Sans réponse, ils se sont engagés sur un chantier ambitieux et écologique : la collecte et le tri de bouchons en plastique pour le recyclage. Débutée en mars, l’activité cesse avec le confinement, mais la fermeture de l’IME permet d’aménager l’atelier et les différents postes de travail.
Le projet s’est construit avec l’association Coeur2bouchons dont les bénévoles centralisent les collectes du département à Loyettes puis acheminent les bouchons à l’usine de Paprec Plastics de Chalon-sur-Saône. Le produit de la vente finance des actions locales pour les personnes en situation de handicap (achat d’équipements, aménagement…).
Le jeudi matin, quelques jeunes en activité de jour spécialisé rejoignent l’atelier de professionnalisation. Accompagnés de Jérémy Menant, enseignant sportif, ils partent récupérer les bouchons. Sur le Plateau, des lieux de collecte ont été installés dans des supermarchés, des établissements scolaires, de formation, des structures sanitaires ou médico-sociales (centre hospitalier, EHPAD, Marpa, ESAT, centre Orcet-Mangni, clinique du souffle). Plus loin, l’IME Dinamo Sco et la MECS les Ricochets ont leur point de collecte. Au total, une vingtaine de partenaires sont impliqués, un chiffre en progression constante. Pour mobiliser encore plus les jeunes, les conteneurs sont fabriqués par l’atelier. Après des expérimentations avec du métal et du bois, le choix s’est porté sur des conteneurs en grillage, sûrs, visibles et plus simples.
Les bouchons sont rapportés à l’IME, triés, pesés puis stockés. Pour limiter l’encombrement, la commune de Plateau d’Hauteville a mis un hangar à disposition.
Le travail sur les différents postes est assuré par le roulement des jeunes de l’atelier : Maëlys, Anthéa, Nicolas, Joshua, Julien, Anthony, Rémy. Ce jeudi, le premier poste est occupé par Anthony. Un rôle crucial puisqu’il gère le tri préalable. Il sépare les bouchons par type (bouteille, cosmétique…), isole les matériaux différents et repère les plastiques non recyclables grâce à un cahier des charges pointu. Les bouchons avec une étiquette ou un opercule sont retirés pour les ôter avant de réintégrer la chaîne. Ceux en liège et synthétiques sont isolés pour eux aussi être recyclés. « Au final, on jette très peu. On récupère facilement 80 % de ce que les gens donnent » souligne Guillaume Emin, moniteur d’atelier.
Les bouchons passent sur une deuxième table où le premier tri est vérifié. Rémi et Nicolas les séparent par couleur, ce qui structure leur travail et leur permet d’avoir un regard plus affuté sur chaque pièce. Un troisième contrôle est effectué sur les bouchons blancs, noirs, jaunes et gris, plus complexes tandis que les cosmétiques sont traités au fond de l’atelier. Ces étapes visent à éviter toute erreur. Une fois les bassines pleines, les jeunes les pèsent en respectant la tare. C’est le moment de faire des maths ! La collecte du jour est ensuite additionnée au total depuis le mois de mars.
Volontaires, les jeunes ont adopté cette activité. D’emblée, ils ont manifesté une grande curiosité. Grâce à elle, les plus âgés, travaillant toute la semaine sur l’atelier bâtissent leur projet professionnel et assimilent les bases du conditionnement. Les plus jeunes, âgés de 14 à 16 ans et présents le jeudi matin, ont un premier contact avec le monde du travail. Tous doivent rester à leur poste, être concentrés et apprendre à travailler en équipe. C’est l’occasion de reprendre le calcul et d’augmenter les compétences autour d’un produit.