Maître.(sse) de maison … un métier à part

À première vue, le terme semble flou, vieilli. Que peut faire une maîtresse de maison en établissement ? Mais, derrière les mots se cachent une fonction précieuse, des professionnels intégrés aux équipes et au contact des jeunes qui œuvrent tant sur l’entretien et que sur la dimension éducative.

« Maîtresse de maison, ça existait au siècle dernier » s’amuse Catherine Petit. « Ça peut faire penser à bonne à tout faire, mais il faut s’en détacher, car on a bien évolué ! » Bien que le terme ne reflète pas la diversité du métier, elle ne reviendrait pas en arrière sur cette fonction qu’elle occupe depuis plus de six ans. À la MECS les Ricochets, Nadine Coutieras tient un discours similaire. « Il faudrait un autre mot, on se demande ce dont il s’agit ! » Pour elle, une maîtresse de maison doit être patiente, à l’écoute. « Je ne me fâche pas facilement, je préfère discuter tranquillement. Je mets du cadre, mais peut-être pas autant que les éducateurs. » Un terme revient : bienveillance.

Des membres de l’équipe éducative

Au sein de l’équipe, la communication est essentielle. Nadine Coutieras participe aux réunions et est associée à la construction de projets personnalisés. Entre professionnels, la confiance est là. « Je suis là toute la semaine, les jeunes m’ont bien repérée. »  Par cette présence, les maîtresses de maison recueillent et relaient des informations précieuses. « Les jeunes font la différence entre éducateur et maîtresse de maison. Ils peuvent se libérer plus facilement auprès de nous », relève Catherine Petit.

Catherine Petit -Maitresse de maison à DINAMO Sco

Leur mission revêt une dimension pédagogique. Elles aident les jeunes, les écoutent, les guident vers l’autonomie. « Je suis là pour qu’ils soient bien. S’il leur manque quelque chose, ils savent qu’ils peuvent s’adresser à moi », résume Nadine Coutieras. « Il faut les superviser, voir tous leurs besoins, s’occuper et faire attention à eux », complète Catherine Petit. Être maîtresse de maison, c’est aussi être polyvalent, accompagner des jeunes en rendez-vous ou assurer du transport.

Nadine Coutieras- Maitresse de maison à la Mecs les Riccochets
Plusieurs missions complémentaires

Elles ont aussi en charge l’entretien des lieux de vie de leur groupe. À Condamine, Catherine Petit s’occupe du linge. À Dagneux, les ados assurent leurs lessives, mais Nadine Coutieras gère le changement des draps tous les quinze jours. « S’ils ont besoin d’un renseignement, ils viennent me chercher. »

À son arrivée à 7 h 30, elle fait le point sur les évènements de la nuit. Après le petit déjeuner, elle s’occupe de l’entretien et passe dans les chambres. « Ils sont censés les faire pour qu’elles soient correctes. Je jette un coup d’œil pour voir ce qui n’irait pas. » Elle s’assure qu’il ne manque rien et est présente pour le déjeuner. À Dinamo Sco, Catherine Petit est aussi aux côtés des enfants pour les repas. Elle leur rappelle les étapes à suivre et peut les orienter vers un tableau où des pictogrammes détaillent chaque geste. « Je ne suis pas seule, mais il faut les guider pas à pas, leur indiquer ce qu’ils doivent faire s’ils oublient, les renvoyer vers les pictos. Sinon, ils peuvent être perdus. »

          Toutes les deux organisent aussi des activités pédagogiques avec les jeunes pour travailler leur autonomie. « Elles portent sur la nourriture, le soin qu’ils apportent à eux-mêmes. Par exemple, un enfant peut venir avec moi à la lingerie pour découvrir ce qu’est l’entretien, le repassage, le pli du linge », détaille Catherine Petit qui réalise ces activités avec un ou deux enfants. À la MECS, Nadine Coutieras mobilise certains mercredis avec les ados. Après les courses, les volontaires préparent le dîner ensemble. Ils travaillent sur le menu, détaillent un budget et collaborent en cuisine. D’autres ateliers ont été pensés autour de l’entretien. « On doit agir pour que l’enfant soit bien, comme dans un cocon pour qu’il s’éveille, qu’il évolue », conclut Catherine Petit.

Parcours

En 2005, la MECS est encore à La Boisse et s’appelle Georges Lapierre quand Nadine Coutieras y arrive. Début 2006, elle est embauchée comme agent d’entretien et intervient sur les trois groupes et au rez-de-chaussée pour le ménage des bureaux et la plonge. En 2014, elle passe la qualification de maîtresse de maison, fonction nouvelle dans l’établissement qui déménage à Meximieux. D’emblée, le métier lui plait. Elle renforce les contacts avec les jeunes et sa place dans l’équipe. Depuis, elle travaille sur le groupe ados et ne se verrait pas ailleurs. « J’y suis à l’aise et je n’ai aucun souci avec eux. »

 

Il y a onze ans, Catherine Petit arrive à Condamine après un licenciement. « Je ne travaillais pas dans le secteur, mais je souhaitais m’en rapprocher. Je ressentais le besoin de porter de la bienveillance, d’aider ces enfants en difficulté. »  Agent de service, elle se lance en 2014 dans une formation de maîtresse de maison. Désormais, à l’IME Dinamo Sco, elles sont deux, chacune sur un groupe de jeunes porteurs de troubles du spectre autistique.

 

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