Mathis : déficient visuel et spécialiste des supports visuels

Accompagné par le SIAAM (Service pour jeunes déficients visuels) depuis dix ans, Mathis Pluveau a participé à la réalisation de documents de présentation du dossier informatisé des usagers Médiateam. Une belle expérience pour ce passionné d’arts qui, à 16 ans, rêve de devenir infographiste

C’est en 2011, à l’âge de cinq ans, que Mathis commence à être suivi par le SIAAM. Au fil des années, l’accompagnement évolue vers l’apprentissage du braille puis de l’outil informatique. Une formation essentielle puisqu’il travaille désormais uniquement sur ordinateur, de manière autonome.

 

« J’ai toujours aimé l’art »

Au collège, les séances d’art plastique sont une révélation. Avec le soutien de ses enseignants, Mathis s’oriente vers une filière artistique. Le métier d’infographiste où l’on travaille principalement sur ordinateur semble fait pour lui. Il se dirige vers un bac pro en communication visuelle au lycée Arbez Carme d’Oyonnax où les débuts ne sont pas simples. « Certains professeurs se demandaient comment il pouvait être là, s’il n’y avait pas d’erreur d’orientation », se souvient Éliane Faillet, enseignante spécialisée au SIAAM. Rapidement, Mathis fait ses preuves. Ses camarades sont sensibilisés au handicap et des outils adaptés sont déployés. « Sur son ordinateur, Mathis zoome énormément. Ensuite, il se représente et assemble mentalement la globalité du document », précise Éliane Faillet, relevant la concentration nécessaire à cette gymnastique intellectuelle.
Pour que la création reste un plaisir, Mathis conçoit badges, logos ou porte-clefs pour ses proches, en plus des affiches ou dépliants réalisés pour ses études. Afin de rendre ses créations accessibles à tous, il intègre fréquemment le braille. Récemment, un stage à la Fondation Frédéric Gaillanne qui offre des chiens-guides aux jeunes malvoyants l’a conduit à réaliser des affiches et des cartes de vœux. Une expérience d’autant plus marquante que Mathis a son propre chien-guide depuis avril 2021 qui l’a fait gagner en autonomie et a réduit sa fatigue lors des déplacements.

 

S’appuyer sur un expert

Récemment, les PEP ont réuni un groupe de travail pour harmoniser l’utilisation du logiciel Médiateam. Il a conclu qu’un support de communication attractif et clair destiné des professionnels s’imposait. L’association s’est appuyée sur le savoir-faire de Mathis pour concevoir une plaquette et un sous-main. Couleurs, typos, agencement : il a laissé parler sa créativité. « J’avais les textes, les captures d’écran. Je me suis occupé de la mise en page, de trouver un fond pour que ce soit joli et que ça accroche. Ça m’a pris une dizaine d’heures par projet », explique Mathis. « C’était une expérience concrète dont j’ai vu l’aboutissement et qui m’a fait connaitre autre chose. » Cette belle réussite aide à briser les représentations en montrant qu’un jeune déficient visuel peut s’épanouir dans un travail visuel grâce aux outils à sa disposition.

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