Le regard éducatif en Unité d’Enseignement Autiste (UEA)

Structures inclusives par excellence, les UEA (Unités d’Enseignement pour Autistes) donnent la possibilité aux enfants avec TSA (Troubles du Spectre Autistique) de mettre un pied dans l’école ordinaire grâce à une équipe pluridisciplinaire. Les professionnels de l’éducatif apportent leur expertise pour favoriser l’adaptation des jeunes.

 

Éducatrice spécialisée, Anne-Laure Velon a intégré l’UEMA (Unité d’Enseignement Maternelle Autisme) d’Oyonnax à son ouverture, il y a trois ans. « Je ne connaissais pas le principe et je n’avais jamais travaillé dans la petite enfance ! », confie-t-elle. « Mais j’avais suivi des formations sur l’autisme en IME et j’avais envie de changement. Ce type de  dispositif permet un accompagnement précoce et individualisé pour les enfants !  Basée à l’école Daudet Pagnol, l’UEMA accueille 7 enfants de 3 à 6 ans, accompagnés par une éducatrice spécialisée, 3 AES, une institutrice et un agent polyvalent. Une psychologue, une psychomotricienne et une orthophoniste interviennent à temps partiel.

 

Observer et adapter

Les professionnels partagent leurs journées entre des temps à l’UE et Des temps d’ inclusion à l’école. Dans le premier cas, le volet pédagogique est chapeauté par l’enseignante de l’UE. « Chaque jour, elle prépare une feuille avec le travail à mettre en place », détaille Céline Bedu, AMP à l’UEEA (Unité d’enseignement en élémentaire autisme) de Tenay. Reprisée à la rentrée par les PEP 01 et transférée depuis Lagnieu, la structure accueille 5 enfants de 8 à 10 ans, encadrés par 4 professionnels. À la rentrée 2022, deux jeunes supplémentaires rejoindront la structure. « Dès que l’on s’installe avec un enfant, on l’aide sur ses activités pensées par l’enseignante. Chacun est avec un élève. Quelqu’un d’extérieur ne saurait pas dire qui est qui ! »

Pour sa troisième année, l’UEMA d’Oyonnax a trouvé un fonctionnement qui lui est propre et a développé ses outils de travail. « J’agrémente ces activités par une dimension éducative pour travailler la communication, le jeu, les interactions sociales… » résume Anne-Laure Velon. Pour elle, le rôle de l’éducateur est d’observer le comportement de l’enfant pour adapter les activités à ses particularités, ses besoins. L’éducatrice met aussi en place des « protocoles » sur des domaines comme la propreté ou l’alimentation. Ils déclinent un objectif précis tel que manger seul en plusieurs étapes : s’installer à table, tenir ses couverts…
Le travail d’observation se concrétise par des grilles d’évaluation des compétences. « Tout est coté ! Ça montre où en est l’enfant et où on veut l’emmener. À chaque activité, on coche pour savoir s’il a réussi, s’il y a eu de la guidance, un renforçateur, ce qu’il a aimé », décrit Anne-Laure Velon. Elle accompagne aussi l’enseignante et la psychologue à remplir les livrets d’évaluation.

Partout, le travail d’équipe est essentiel. « Ça nous permet de voir des choses différentes. Chacun a son éclairage, son expérience », pense Céline Bedu. La taille humaine de l’UE et la dynamique collective favorisent les approches innovantes. L’Unité d’Enseignement Elémentaire pur Autistes de Tenay organise des goûters chaque semaine qui sont l’occasion pour Céline Bedu d’emmener les enfants faire les courses pour choisir ce qu’ils aiment. Et le vendredi après-midi, place à la luge pour se relâcher.

Présents lors de l’inclusion

L’objectif de l’UEA est d’inclure les enfants en classe ordinaire le plus possible, toujours en présence d’un éducateur ou d’un AES. La durée et la fréquence varient selon les capacités de chacun. « C’est réfléchi et préparé : on sait pourquoi on part en inclusion et ce que l’on va faire. On travaille avec les enseignants pour adapter les activités faites en classe », insiste Anne-Laure Velon.
À l’école Daudet Pagnol, les enseignants sont en demande et les élèves accueillent facilement leurs camardes de l’UEMA. « Ils sont très curieux. Pour eux, le handicap n’existe pas. » À Tenay, le profil des enfants rend l’inclusion plus délicate. « Nous n’avons qu’une jeune qui peut intégrer une classe pour de l’art plastique et du sport. Elle est trop contente de partir avec son cartable et sa trousse. Les élèves sont très bienveillants », raconte Céline Bedu.

Aux côtés des parents

Les familles occupent une place centrale. Le matin et le soir, les équipes ménagent un bref moment pour échanger et les évènements de la journée sont retracés dans un cahier de liaison. À Oyonnax, pour créer du lien, certaines semaines de vacances sont consacrées à des activités associant les familles.
Le plus important reste la guidance parentale. Chaque semaine, un binôme éducateur/AES accompagne et est en appui auprès des familles. « L’idée est d’apporter un regard extérieur et des outils de la classe, de les aider à adapter le domicile, de travailler les liens avec la fratrie, le jeu, les repas… », explique Anne-Laure Velon. La fréquence des visites varie selon les profils et les besoins. Pour les professionnels, c’est aussi une chance de mieux comprendre les jeunes. « On y va en répondant à leurs demandes. On a toujours des astuces : pictos, emplois du temps structuré… Les parents sont preneurs. Et on ne peut pas avancer sans eux ! Si un mode de communication n’est utilisé qu’à l’école, ça ne marchera pas. »

Si Anne-Laure Velon a toujours travaillé dans le handicap, elle a côtoyé des publics très variés dans différentes structures. « Je pense qu’au bout de cinq ans, un éducateur a besoin de changer de service, de se remettre en question de découvrir un autre public. »

 

Arrivée dans la région il y a huit ans, Céline Bedu a commencé en foyer d’accueil médicalisé. Après une formation d’aide-soignante, elle travaille deux ans en intérim, alternant ce nouveau poste et celui d’AMP : « j’ai appris beaucoup de choses. » Elle rejoint l’UEEA à son ouverture, après 18 mois aux appartements de l’IME Dinamo pro.

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