Équipe Mobile d’Appui à la Scolarité (EMAS): l’expertise médico-sociale au service de l’enseignement pour tous

Avec les ÉMAS (Équipes mobiles d’accompagnement à la scolarité), le médico-social renverse son mode de fonctionnement habituel en accompagnant les professionnels pour éviter une rupture de scolarisation et accueillir les enfants à besoins éducatifs particuliers.

Pilotées par les ARS, les ÉMAS associent l’Éducation Nationale et les MPDH. Après des expérimentations dans certains départements, elles ont été généralisées en 2020. Dans l’Ain, Entraide Union (ex-Entraide Universitaire) et les PEP 01 ont répondu ensemble à l’appel à projet et divisé le département en deux : Entraide Union au sud, les PEP 01 pour une zone nord couvrant de la Bresse au bas Bugey via le Pays de Gex.

Après une réponse positive obtenue en septembre 2020, le reste de l’année a servi à définir le fonctionnement des ÉMAS (missions, secteurs géographiques, outils, saisine…)  avec l’Éducation Nationale, avant la mise en service en février 2021. Ce temps a été précieux pour penser un dispositif mêlant les cultures d’associations gestionnaires du médico-social et de l’Éducation Nationale.

des situations variées

Les modes d’interpellation sont construits avec l’Éducation Nationale. Dans le premier degré, la sollicitation vient de l’inspecteur de circonscription. En collège et lycée, ce rôle incombe au chef d’établissement. Les directeurs d’associations ou les élus gérants le périscolaire peuvent aussi contacter le service.

Une fois que les dispositifs existants ont été sollicités, l’ÉMAS peut être mobilisée, lorsque des professionnels rencontrent une difficulté avec un élève à besoin éducatif particulier. Les motifs comme les profils sont variés : élève avec ou sans notification MDPH, jeune accompagné par une structure médico-sociale, enfant non diagnostiqué…

Les clefs du succès de l’intervention sont la mobilité et la réactivité. « Nous avons fixé une exigence : apporter une première réponse dans les trois jours. Puis nous essayons sous sept jours d’avoir un contact avec les enseignants, la communauté éducative ou pédagogique », souligne Thomas Durafour, manager de service de Dinamo Parcours et coordinateur de l’ÉMAS.

Cette prise de contact permet de préciser les besoins qui pourraient être noyés par le vécu émotionnel. En allant à la rencontre des professionnels, l’équipe analyse la situation et cible les difficultés pour réfléchir aux préconisations qui seront le fil conducteur de l’intervention. Un plan d’action sera construit avec les solliciteurs qui restent aux commandes. « L’Éducation Nationale a beaucoup de services, de personnels pour répondre aux difficultés des enfants. Nous sommes dans la bienveillance. On n’arrive pas comme des « sachants », mais on vient en soutien avec notre expérience du médico-social », précise Sabrina Bonnod, coordinatrice de l’ÉMAS d’Entraide Union.

Donner des clefs

Les situations sont réparties entre les membres de l’équipe qui essaient, si possible, d’intervenir à plusieurs (avec un référent principal) pour apporter une pluralité de regards.

« Nous agissons ensuite comme un filet de sécurité pour maintenir une présence rassurante sans être au premier plan », résume Élodie Lambelho Vaz, psychologue. La durée des interventions n’est pas définie, mais doit être courte. « L’idée est d’ouvrir les perspectives de travail des professionnels, qu’ils piochent dans d’autres outils. Nous leur donnons des clefs pour trouver la solution », précise Rachel Lapierre, psychomotricienne. En fonction des observations, l’ÉMAS peut aussi diriger la famille et l’enseignant vers la MDPH.

Se rencontrer et faire confiance

Depuis début 2021, l’ÉMAS des PEP 01 est intervenue sur neuf situations, essentiellement sur les circonscriptions d’Oyonnax, de Bellegarde et du Pays de Gex. « Nous voulons aller plus loin dans la zone nord du département », affirme Thomas Durafour, pour qui les partenariats seront incontournables pour renforcer la visibilité d’un service assez neuf. « Il est très important de rencontrer les professionnels en établissements. Nous sommes complémentaires et travaillons ensemble pour que tous les enfants soient des élèves apprenants et sachants. » Sans agrément ni objectif quantitatif, l’ÉMAS vise à traiter le plus de situations possible.

Une solution trouvée ensemble

En mai 2020, l’ÉMAS est contactée pour une enfant de CP avec des difficultés d’apprentissage. Des solutions avaient été cherchées sans succès . Des rencontres ont eu lieu entre l’enseignant, la directrice, l’ergothérapeute et la psychomotricienne de l’ÉMAS pour appréhender la situation, lever les obstacles culturels et établir des préconisations. Une observation en classe a révélé qu’une aide quotidienne auprès de l’enfant serait bénéfique. Un document a été produit pour aider les parents à accepter l’intervention d’une AESH. L’implication d’une traductrice professionnelle a assuré le maintien du dialogue avec cette famille allophone et a évité les incompréhensions. Finalement, l’élève va redoubler le CP. Avant la rentrée, l’ÉMAS a travaillé avec l’enseignant pour organiser les temps en classe et préparer la transition. L’intervention aura duré deux mois.

l’équipe

Thomas Durafour est le coordinateur de l’ÉMAS des PEP 01. À sa droite, se trouvent Sabrina Bonnod, coordinatrice de l’ÉMAS d’Entraide Union, Laurence Lefeuvre, assistante administrative, Rachel Lapierre, psychomotricienne et Élodie Lambelho Vaz, psychologue. L’ÉMAS des PEP 01 comprend aussi un éducateur et un ergothérapeute.

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