La psychomotricité sans contact

Le SIAAM 01 relève le défi avec les familles de déficients visuels

Le travail sur l’espace, la connaissance de soi, les émotions, la motricité ou le développement d’autres sens : le travail du psychomotricien est souvent lié au présentiel. Le confinement s’avère alors décontenançant. Mais en s’appuyant sur l’équipe du SIAAM (le SESSAD pour déficients visuels des PEP 01), les parents et de nouveaux outils, Sébastien Loureaux a su se réajuster. Et pour que distanciation sociale ne soit pas synonyme d’isolement, il a développé les « défis confinés du SIAAM », rendez-vous ludiques hebdomadaires aux multiples facettes.

Pour travailler la motricité fine autrement, Sébastien Loureaux s’est notamment rapproché des enseignants du SIAAM pour la lier au scolaire. Sans oublier les parents, relais crucial qui assurent le travail à domicile autant qu’ils peuvent. « Les enfants prennent leur part, expliquent comment on travaille avec eux. » Des contacts directs avec les familles, plus fréquents pour les parents de jeunes enfants, renforcent ce lien essentiel. « Avant, les séances avaient lieu avec les enfants mais on n’avait pas forcément de liens avec les familles. Ce qui a vraiment changé, c’est ce lien » complète le psychomotricien. Pour les aider, il a livré beaucoup de matériel et a créé des fiches explicatives sur les jeux ou la construction d’un parcours psychomoteur. Aux outils existants s’ajoutent des créations issues de recherches, d’échanges entre collègues et d’adaptation. Pas simple depuis chez soi. « J’ai une pièce remplie de tissus et de matières ramenés du bureau » s’amuse Sébastien Loureaux.

À distance, certains objectifs comme le travail sur les émotions, devenu difficile à travailler, sont laissés de côté. « Les enfants ont besoin de se rapprocher très près de nous pour voir et comprendre. ». À l’inverse, d’autres sujets sont priorisés tels que le travail sur la vie quotidienne ou le graphisme avec différents médiateurs présentés aux familles (lettres tactiles, écriture dans la farine…)

Garder le contact et le sourire

Depuis mars, les « défis confinés » du SIAAM préservent le lien avec des familles jonglant entre activité professionnelle, gestion du quotidien et travail avec les enfants. Imaginés pour les plus petits, à la crèche ou en primaire, les défis rassemblent la famille autour d’activités ludiques et pédagogiques. Chaque semaine, trois défis sont soumis sur thèmes variés : les chaussettes, le goût, la pâtisserie… La recette du défi culinaire est suivie par le créatif proposant reconnaissance des goûts ou d’objets au toucher. Vient enfin le défi culturel et ses charades, histoires audio ou chansons. Ces épreuves sont l’occasion de dispenser des conseils concrets, utiles aux jeunes. Au détour d’une crêpe, ils apprennent à verser un ingrédient, repérer une graduation ou développer le toucher.

Le succès est au rendez-vous. « Les enfants sont très fiers de nous montrer leurs réalisations. Ça permet qu’ils ne nous oublient pas » résume Sébastien Loureaux. « C’est aussi une porte d’entrée pour savoir comment ils vivent le confinement. En cas de tensions, on peut réorienter vers d’autres professionnels. » Déjà, la formule s’exporte au sein du réseau SARADV (Soins et accompagnements en Rhône-Alpes pour la déficience visuelle) dans les SESSAD PEP semblables de la région. À terme, un livret valorisera tous ces défis.

Défi créatif, le jeu des chaussettes développe le toucher en identifiant des objets cachés.
« Il a fallu être imaginatif et réactif ! Il y a des jours où je faisais 8 heures-22 heures pour que l’enfant ait ce qu’il faut le lendemain » se souvient Sébastien Loureaux.
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